En tant qu’art japonais traditionnel, le iaïdô s’inscrit également dans une pratique moderne. Il est intéressant de connaître l’histoire des samuraïs et de leur sabre pour mieux comprendre le présent.

HISTOIRE DES SAMURAIS

Apparus au 12ème siècle, les samurais ( 侍 ) ont forgé leur légende grâce à leur art du combat fondé en partie sur le maniement du katana, un sabre fascinant.

 Ère Kamakura 1185-1333

L’élite guerrière constitue la partie haute de la catégorie des hommes d’arme que l’on désigne par Bushi ( 武士 = littéralement « maison des guerriers »). Le terme samurai désigne plus précisément, durant l’époque médiévale, des guerriers au service d’un seigneur féodal, le Daimyo.

Ère Muromachi 1333-1573

Deux empereurs (Ashikaga et Go Daigo) se partagent le Nord et le Sud du Japon. De nombreuses guerres découlent de cette situation, chaque Daimyo prenant partie pour l’un ou l’autre des empereurs. Cette époque sombre et sanglante est appelée « Période des Provinces en Guerre », Sengoku-Jidai (1490-1600).

            Sengoku-Jidai 1490-1600

Sengoku est l’apogée des samurais, où la seule loi est celle du plus fort. C’est aussi l’époque où apparaissent les grands châteaux-forts (Himeji, Osaka), ainsi que les dojos correspondant à des styles d’arts martiaux différents. Chaque Daimyo s’entourent de maîtres d’armes compétents, qui développent différents styles de combat : les premiers Koryus apparaissent.

Ère Azuchi-Momoyama 1573-1603

Cette courte époque marque le tournant de l’histoire du Japon. Le Daimyo Oda Nobunaga tente d’unifier le Japon par la force, et réussit en partie ce projet. Ses méthodes n’étant pas très diplomatiques, il fut trahi par l’un de ses samurais. Ainsi Nobunaga dut se suicider par le rituel du Seppuku (ou Hara-kiri). Néanmoins, ses efforts d’unification ne furent pas vains, car Hideyoshi Toyotomi lui succéda et continua son œuvre dans la période suivante.

            Bataille de Sekigahara 1600

L’époque des grandes guerres, Sengoku-Jidai, culmine en l’an 1600 avec la bataille de Sekigahara, la plus grande bataille jamais disputée entre samurais. Le clan Tokugawa remporte cette bataille, et le seigneur victorieux s’auto-proclame Shogun, c’est-à-dire Daimyo suprême.

Ère Edo 1603-1867

Fin de la période féodale du Japon. Tokugawa Ieyasu succède à Hideyoshi Toyotomi et unifie la carte du Japon par la puissance militaire, à la bataille de Sekigahara en l’an 1600. Il s’auto-proclame Shogun en 1603, et ainsi commence une longue période de paix. Les katanas retournent dans leurs fourreaux, et les guerriers rentrent dans leurs dojos…
Ainsi, les samurais Bushi de combat laisse place aux samurais que nous connaissons, respectueux du Bushidô. Ils délaissent l’armure pour un kimono, mais conservent le sabre, symbole de leur autorité et de leur caste supérieure.

C’est dans cette période que prennent place les plus grandes légendes de samurais que nous connaissons aujourd’hui, et la plupart des films et romans sur le Japon médiéval. Nous pouvons citer, dans le désordre et sans être exhaustifs : 
    – Miyamoto Musashi et le traité des Cinq Roues
    – La légende des 47 Ronins
    – Les 7 samurais (et beaucoup d’autres films d’Akira Kurosawa)
    – Zatoichi, le samurai aveugle

Et bien entendu les mangas et animes ne sont pas en reste :
    – Kenshin le Vagabond
    – Samurai Champloo
    – Samurai Deeper Kyo
    – Et tant d’autres !

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Ère Meiji 1868-1912

Le pouvoir de la dynastie des Shogun diminue, et l’empereur en profite pour récupérer son pouvoir politique. Le Japon s’ouvre au Monde, et le port du sabre est interdit en 1876.
Les derniers samurais fidèles au Shogun se révoltent, mais sont écrasés par la puissance des armes à feu, lors de la bataille de Satsuma en 1877. Cette dernière a inspiré le célèbre film américain « Le Dernier Samurai ».

HISTOIRE DU SABRE

Le katana ( 刀 ) est une arme autant qu’une œuvre d’art. Symbole de pouvoir, d’esprit martial et d’honneur, il représente l’âme des samurais, guerrier japonais. Dans la mythologie shintoïste, le sabre est un des trois objets sacrés (avec le Miroir de Bronze et le Collier de Joyaux).

Les katanas les plus anciens remontent au 5ème siècle de notre ère, et sont appelés « proto-katanas ». Leurs lames sont droites, courtes et minces, et la pointe est biseautée. Probablement peu efficaces en combat, ces premiers sabres faisaient surtout office de décoration de cour impériale.

Peu à peu, au cours des siècles, les lames s’allongent et prennent une forme courbée, ce qui témoigne d’un usage au combat de plus en plus fréquent. C’est vers le 10ème siècle que les lames courbes et longues deviennent un standard, sans doute pour le combat monté à cheval.

Au 11ème siècle apparaît une arme très élégante nommée Tachi. Sa longue lame lui permet une bonne allonge lors des joutes à cheval. Pour rester maniable, sa lame s’affine et la courbe est très travaillée pour donner un angle de coupe biaisé. Le Tachi est porté à la hanche gauche du guerrier, le tranchant vers le bas, suspendu à deux anneaux.

Au fil des siècles, avec l’évolution des armures et des techniques de combat, ce Tachi change de forme, de longueur, de courbure, d’épaisseur. Une attention particulière est portée à l’acier le constituant et à la technique de forge, afin d’être à la fois léger mais robuste.

A l’époque Sengoku-Jidai (16ème siècle), du fait des guerres incessantes, une forte demande d’armes entraine une production de masse, et la qualité des lames diminue fortement.

Lors de la longue période de paix de l’époque Edo, la forme du sabre évolue encore : le long Tachi, pratique pour le combat à cheval, est délaissé au profit d’une arme plus courte et maniable pour les duels à pied. Le katana dans sa forme la plus connue est né ! Les puristes appellent cette arme un Shintô ( 新刀 ), « Nouveau Sabre ».
La lame du Katana est donc raccourcie, moins courbée que le Tachi, et le tranchant se porte dans la ceinture, le Obi, vers le haut.
Plus l’ère d’Edo avance, plus le rôle du Katana passe d’une arme de guerre à une arme d’apparat, avec des montures luxueuses et raffinées.

La légende du katana remonte à cette époque car cette arme fut magnifiée en tant que symbole du statut du samurai, tout d’abord par ceux qui tombèrent dans la déchéance de la pauvreté, mais aussi par ceux qui tombèrent dans la déchéance de l’honneur en raison de leur nouveau statut de bureaucrate.